Le temps s'est arrêté

03/12/2015 10:42

Je suis restée chez moi pendant 4 mois. Je n'osais pas sortir de chez moi, de peur de croiser des personnes que je connaissais. Le monde extérieur me terrorisait.

Lorsque mon chéri m'obligeait à sortir, ne serait-ce que pour faire les courses, je marchais tête baissée, je rasais littéralement les murs. 

Je ne me sentais en sécurité nulle part, sauf chez moi.

A la maison, j'avais un nouveau rythme : levé vers midi, douche, je mangeais à peine, et quand mes forces me le permettaient, j'allais à pied au cimetière pour voir mes filles. Ce n'était pas très loin, mais cela me demandait énormément d'énergie. L'après-midi, je dormais et le soir j'attendais que mon homme rentre à la maison. J'essayais de faire le repas pour mon homme; je voulais au moins lui épargner ça car il avait tellement pris sur lui. Moi je ne valais plus rien.

Je me souviens que je n'étais bien qu'au lit, quand je m'endormais. Par contre, tous les matins au réveil, la réalité me sautait à la figure. Et tous les matins, après avoir réalisé que mes filles ne reviendraient jamais, il fallait trouver de la force pour ne pas sombrer. Mais c'est une denrée rare la force, d'autant que la PMA m'en avait pris beaucoup déjà.

Les jours sont passés comme ça. J'étais un zombie. Comme je l'ai déjà dit, j'avais décidé de ne pas mourir, mais de là à décider de vivre, il y a un gouffre.

En plus de ma douleur, je culpabilisais énormément car mon chéri essayait tant bien que mal de se remettre, et moi je le tirais vers le bas. Il avait été tellement merveilleux pendant ces terribles moments, il a été tellement fort, que je m'en voulais de ne pas arriver à reprendre le dessus.

Alors, je me suis dit qu'il fallait que je me reprenne et vite car j'étais à deux doigts de sombrer. La motivation ,clairement c'était lui.

J'ai repris rendez-vous avec la psychologue qui me suivait pour la PMA (eh oui, ça laisse des traces tout ça...) et quand j'ai repris quelques forces, j'ai repris le sport.

La thérapie m'a énormément aidée, et m'aide encore beaucoup (mais je vous en reparlerais plus tard). Elle m'a permis de ne pas faire de bêtise définitive. Je pense qu'elle m'a sauvée.

Le sport, j'ai commencé en douceur. J'avais expliqué à mon coach, sans rentrer dans les détails, ce qui m'étais arrivé et il m'a établi un programme adapté à mon état de santé. 

De cette façon, j'ai pu reprendre contact avec le monde extérieur, sans connaître les gens. Finalement cela m'a beaucoup aidée car je ne voyais pas les reagrds plein de pitié qui me rappelaient sans cesse que j'avais perdu mes filles. Tous ces gens ne me connaissais pas et je n'avais pas besoin de leur parler, ni eux d'ailleurs.

Le sport m'a aidée à reprendre des forces. Physiques, mais aussi mentales. J'ai alors commencé à me dire que je voulais recommencer. Et pour cela, il fallait que je retrouve des forces. Je me suis préparée comme une sportive de haut niveau. Tout ce que je faisais, c'étais en vue de retenter une FIV; c'était ça mon objectif, et je me rends compte aujourd'hui, que c'est cet espoir qui me tient debout.