Naufragés...

14/02/2016 20:36

 

La PMA c'est comme un long voyage...on est tout excité à l'idée de découvrir un nouveau monde, une nouvelle vie. Quand on embarque, on sait que le voyage peut-être long, mais peu importe on est avec l'être aimé et la destination est tellement belle !

On voit beaucoup de couple partir également pour se voyage, mais pour eux c'est plus simple et plus court. Ils sont déjà partis et revenus plusieurs fois et nous, nous les regardons avec envie...

Mais l'échéance approche... bientôt ce sera notre tour ! Quelle joie !!! 

Le grang jour approche...la première escale se passe sans accroc... on en revient pas ... c'est tellement inespéré...Cette première escale est tellement délicate à passer ! C'est la première zone de turbulence et on la passe sans encombre... quel bonheur ! 

Pendant le voyage, on se rend compte que des petits clandestins se sont greffés à notre petit groupe...Quelle joie ! Si petits...mais présents... l'instinct primaire de maman commence à faire surface...On ne réfléchis plus pour deux, mais pour quatre dorénavent. On veut les protéger de tout telle une louve protégeant ses petits. C'est une destination qui n'avait pas été envisagée...Dans nos rêves les plus fous, nous nous attendions à un seul petit clandestin...deux...la peur s'empare de nous, mais le bonheur la fait taire !

Les premières grosses turbulences arrivent...La mer semble se déchaîner chaque jour davantage...Mais malgré la peur, on tient bon...L'envie d'arriver à destination sains et saufs est la plus forte...L'envie de croire que tout ira bien aussi...

Malgré ces turbulences, on commence à entrevoir une terre lointaine... On ne la voit pas tout à fait, on la devine...

Puis, une nuit, la mer se fait encore plus capricieuse... Elle a décidé de nous mettre des bâtons dans les roues...Elle n'est pas d'accord avec notre destination...Elle veut nous avaler, nous submerger....

Les éléments semblent alors se déchaîner avec elle, nous voilà ballotés par des lames de 15 mètres de haut...On ne peut pas lutter. On est trimballé comme des poupées de chiffon toute la nuit...

Le lendemain, le temps est de nouveau calme et ensoleillé...On ne dirait pas que la veille une telle tempête a sévi...Il ne reste de notre bâteau que quelques planches auquelles on essaie tant bien que mal de se raccrocher...Ce sont les seuls témoins de ce qui s'est passé la veille.

On est tellement choqué, traumatisé par ce qui s'est passé... La tempête est passée, mais c'est à l'intérieur de nous que ça se passe maintenant. Nous sommes anéantis par cette déferlante de chagrin et de colère, d'incrédulité aussi. Il n'y a plus de vie en nous...des coquilles vides qui flottons sur les flots, agrippées par instinct à ces planches...

Toujours agrippés, nous avons pu réunir certaines planches pour former un radeau...quelquechose qui nous permette de garder la tête hors de l'eau... Transis de froid on est blotti l'un contre l'autre...La chaleur corporelle de l'un rassure l'autre. On se laisse doucement dériver sur les flots, car nous n'avons pas la force de ramer.

Petit à petit, nous arrivons à reprendre des forces...sacré instinct de survie !

Nous arrivons progressivement à redonner un cap à notre frêle embarcation....Et un petit miracle...Un nouveau petit clandestin se joins à nous pour cette périlleuse traversée.

Mais voilà, la mer, furieuse de ne pas nous avoir submergés, se déchaîne à nouveau...Elle ne nous laisse aucune chance...On est trimballé d'un côté de l'autre...une déferlante s'abat sur nous, et nous n'avons pas le temps de reprendre notre souffle, qu'une nouvelle s'abat sur nous. Elle veut notre peau...

Maintenant, cette satanée mer m'a pris mes trois petits clandestins source de tant de bonheur et d'espoir...je me retrouve encore une fois accrochée à une planche, par instinct...pourtant vide de toute vie...Je m'accroche... pour qui, pourquoi...je ne le sais pas. La vie m'a quittée depuis longtemps... je suis désormais une ombre...ma propre ombre. Je suis épuisée, vidée par toutes ces tempêtes...Je sens la force qui me maintient accrochée à cette planche m'abandonner doucement...Je sens mes forces s'amenuiser...La nuit, dérivant au large, je regarde le ciel et ses magnifiques étoiles...Parfois j'y vois mes petits clandestins...et je leur demande si je dois lâcher cette planche, s'ils veillent sur nous...  ou si je dois garder espoir malgré tout...